MOUILLETTE
Nombre de pages | 144 |
Dimensions | 135*185 mm |
Langue | Français |
Date de parution | 26/07/2021 |
Référence | K00011 |
Extrait gratuit
1.
Les années 80... Un papillon rouge volette autour de Charlotte. C’est pas un hasard. La nature est immense et pourtant c’est cette créature endormie qui l’intéresse. Il est vrai que Charlotte est infiniment jolie. Après trois pirouettes aériennes l’insecte pionnier se pose sur son nombril. C’est doux, c’est chaud, ça vibre. Ses ailes murmurent d’enthousiastes salutations. C’est le cœur de l’été. Délicieusement chatouillée, la poupée ouvre un œil, avec une grimace de nourrisson. Du revers de la main, mollement, elle fait fuir l’intrépide amoureux. Elle a chaud. Elle déboutonne sa chemise rouge chiffonnée, offrant sa jeune poitrine à la caresse du soleil. Prévoyante, elle a disposé la chaise longue de manière à garder la tête à l’ombre. Heureusement car une sournoise migraine grignote sa nuque menue. Elle a trop bu hier soir. Quelle conne ! Et dire qu’elle avait Charli dans ses bras ! Entre les jambes, ce sera pour la prochaine fois, ironise-t-elle avec un haussement de ses épaules rondelettes. Peut-être aujourd’hui. Il viendra. Elle le veut. Elle le sait. Elle connaît son emprise sur les gens, sur les hommes, sur les femmes et même sur les papillons !
Il est presque midi. Elle a dormi comme ça, en chemise et culotte, sur le canapé du salon, avant de boire un café amer et de venir s’étendre dehors, pour récupérer. Un malaise brouille ses intestins, faisant gronder son ventre éclatant dans la vive clarté de juin. Elle pose une main sur sa bedaine douloureuse et enfouit l’autre dans la jungle de ses cheveux, plus blonds que roux en cette saison. Elle s’assoupit. Profiter de l’instant, oublier l’esprit, sentir son corps se calmer, se ressourcer, se réveiller, renaître. Elle revoit Charli, dans un flash, lui peloter la chatte devant le frigo ouvert. Elle avait dû mouiller comme une dingue. C’est toujours pareil. Elle est ainsi. Une mouilleuse née. Certains ex la surnomment « Zambèze », « l’écluse », « Niagara », ou tout simplement « Mouillette » – jusqu’à sa copine Lucienne qui lui conseille de porter des couches-culottes quand elle va flirter.
Pour cette nuit, elle a pas rêvé : l’état douteux de sa fine culotte en est une preuve lamentable. Une auréole ocre (une carte d’Italie, avait-elle songé tout à l’heure en allant pisser) orne effrontément le triangle convexe du tissu blanc. Ça colle, là-dedans. Elle s’en fout royalement. Elle est seule, libre et fatiguée. Elle s’occupera de sa toilette plus tard. Elle se fera belle, pour Charli qui viendra. Un pincement dans ses entrailles lui confirme qu’il viendra. Plus qu’une intuition : une vision, une troublante certitude qui fermente dans son corps, noue ses tripes d’une voluptueuse angoisse.
Elle a envie d’aller aux chiottes, encore. Cette colique matinale commence à l’ennuyer sérieusement. Elle est trop lasse. D’ailleurs, certains turbulents gargouillis dans son bas-ventre ne sont pas désagréables. Quelle salope ! Elle ramène tout au sexe. C’est instinctif. Charlotte a vingt ans, et elle respire, pense, vit avec toutes les sensations de son corps.
Le papillon revient à l’assaut. La peau de cette petite femme est un si doux aéroport, chaud et parfumé. Intrigué, il se pose sur le mont lumineux de son sein gauche, directement sur l’étrange fleur charnue que forme l’aréole, plus large qu’une pièce de cinq francs, d’un brun rouille luisant en curieuse harmonie avec ses ailes rouges. Il butine sereinement le bouton central, plus clair, finement strié, et s’étonne de le sentir grossir sous ses mandibulaires attouchements. Charlotte tressaille, provoquant la molle secousse de ses exquises mamelles et le départ forcé du sensuel lépidoptère. Elle se grattouille le téton, s’attarde machinalement sur son mamelon gonflé qui roule entre ses doigts comme de la gomme, se dilate encore, atteignant sa taille maximale, onze millimètres et des poussières – elle le sait, elle l’a mesuré. L’autre ne pointe qu’à dix. Amusante et invisible asymétrie qui fait partie de son jardin secret. En passionnée de son corps, Charlotte connaît précisément toutes ses mensurations, la longueur de ses côtes, de son nez, de ses petits orteils, son tour de reins, de chevilles, de cou, et jusqu’aux versatiles volumes de ses intimités. Elle dit qu’elle mesure un mètre soixante mais elle sait très bien qu’elle culmine à un mètre cinquante-sept. Ça lui suffit pour être le plus chouette canon de la contrée. Charlotte n’est pas prétentieuse, mais fière, fière de tout en elle, y compris de son intelligence. Elle est belle de droit divin. La nature compose parfois d’indiscutables chefs-d’œuvre.
Une brise brûlante frôle sa poitrine nue. Elle se demande si elle va mettre un soutif, un soutif excitant pour Charli. Mais viendra-t-il ? Elle plaque ses mains sur ses seins cuisants, effleure ses tétines de ses paumes. Une bonne paire de lolos, que ses menottes n’arrivent pas à empoigner complètement. Sa poitrine, c’est son fer de lance, sa proue, son arme fatale. Pour elle-même, c’est une source d’infinies sensations, de plaisirs subtils. Elle se caresse doucement les nichons, un sourire angélique aux coins des lèvres, un pli coquin aux coins de ses yeux fermés. Son mal au ventre s’estompe.
Le papillon, impatient dans son rôle de voyeur, tente une nouvelle approche.
Cette fois, plein d’audace, il plonge sur la culotte blanche de Charlotte. Il s’installe au beau milieu de la tache douteuse laissée par la nuit de débauche. Il déploie triomphalement ses ailes rouges, en terrain conquis, ornant le tendre renflement de la vulve. La culotte fine, presque transparente, moule parfaitement le sexe glabre, imposant, qu’elle entretient quasi quotidiennement, y passant plus de temps qu’au maquillage de sa frimousse. Les lèvres dodues démarrent haut, partie intégrante du pubis joliment bombé. Le papillon jubile dans la fente moelleuse, humide, marécage inconnu, ivre des exhalaisons corsées, nouvelles, qu’aucune plante, aucune fleur ne lui ont jamais procuré. C’est la fleur de sa vie. Il sent sous le tissu léger quelque chose vivre, suer, bouillonner au grand soleil.
Un imperceptible bisou de l’insecte alerte Charlotte qui ouvre ses beaux yeux étincelants, bleu acier, parfois gris, parfois verts, aujourd’hui d’une obscure clarté mauve. Elle n’en revient pas. Ce papillon a un sacré toupet ! Il lui tripote tout bonnement le clito. Hasard ou perversion de la nature, l’image est saisissante. Charlotte a un large sourire mêlé d’étonnement et de curiosité. Elle laisse l’animal à sa mystérieuse besogne, résignée à sa destinée de femme luxurieuse, convaincue davantage de son emprise sexuelle sur le monde extérieur. Elle imagine que c’est Charli réincarné qui invente cet incroyable préliminaire. Le terme « homme-papillon » utilisé en Thaïlande prend ici toute sa valeur. Charlotte décide qu’elle léguera sa culotte à son délicat admirateur et lentement, pour ne pas l’effrayer, elle écarte ses rondes cuisses.
Ces infimes caresses, cette nuit de plaisirs avortés à cause de son ivrognerie, le câlin polisson du soleil de juin, l’inexplicable tendresse de son ami ailé, plongent Charlotte dans un état second, d’une extrême lascivité, qu’elle connaît bien puisqu’il s’agit du sien 23 heures sur 24. Un fantôme l’habite, un double asexué dévoué à son corps, à ses émotions, à ses fantasmes, depuis toujours. Un eunuque bienveillant, une muse du bien-être. Sa mère affirme qu’elle se masturbait déjà dans son berceau, ostensiblement, ou qu’à sept ans elle l’avait surprise en plein 69 avec un petit voisin de son âge sur la pelouse du jardin.
Le Dieu de Charlotte s’appelle Éros, y’a pas photo. En grandissant, tout s’est confirmé et à vingt ans elle ne pense qu’à jouir. C’est viscéral, passionné, pathologique. Rien ne l’a détournée de son pervers chemin. Là elle jouirait presque, à la force du mental, en touchant à peine ses seins, avec l’aimable participation de son insolite fiancé qui se régale de ses effluves vulvaires. Mais le désir est trop violent, maintenant vrombissant dans ses tempes. Elle donne trois coups de hanches, pour faire partir l’insuffisant papillon, qui résiste, transi sur sa fleur d’amour. Sa main droite descend sur son ventre, glisse sur la nette protubérance de son pubis, délogeant pour de bon l’animal cunnilingue. Elle écarte encore ses cuisses, pose ses pieds nus sur la dalle brûlante, de chaque côté de la chaise longue. Son majeur fend sa foune grasse, par-dessus la culotte qui s’imbibe aussitôt de ses huiles intimes. Elle aime se toucher, comme ça, sans contact direct, retrouver ses chairs sous la finesse du tissu. Elle s’éponge le minou. C’est dingue comme elle mouille. Son doigt fuse entre ses babines ouvertes, frottant avec la culotte le tube saillant de son clitoris. Elle est si sensible qu’elle peut se faire jouir même avec un jean, n’importe où, dans n’importe quelle position, en toutes circonstances. Pas plus loin que la veille, elle s’est payé un croustillant petit orgasme en plein supermarché, au rayon des fromages, un munster l’ayant olfactivement émoustillée. Un vigile lui a demandé si elle se sentait bien. Rouge d’émotion, elle a feint le malaise en se tenant le ventre. Elle se souvient du jour de son bac philo. Elle avait plié l’affaire en deux heures puis s’était tranquillement masturbée, une main experte sous la table, l’autre, studieuse, contre sa joue. Malgré son pantalon en velours, elle avait pris un pied de tous les diables, en se tortillant le plus discrètement possible, en simulant un long bâillement pour camoufler sa plainte d’extase.
Ici, surchauffée, quasi nue, l’entrejambe en vedette, elle invente des obstacles à son plaisir, pour l’amplifier. Elle garde sa culotte. N’utilise que le bout de son doigt. Ne caresse plus ses seins. Évite de penser à Charli, dont elle appellera l’image au moment précis de l’orgasme. Ses petits pieds se tordent d’aise. Sa main gauche derrière la tête joue avec le feu de sa chevelure. Son doigt va et vient lentement, de son nombril à son coccyx, enfonçant la culotte dans sa raie des fesses, dans ses orifices accueillants. La jouissance démarre au niveau de ses mollets, fourmille dans ses reins, vient s’accumuler aux mamelons majestueusement gonflés. Elle élève son bras au-dessus de son ventre palpitant, plie gracieusement son poignet. Le bout de son majeur s’immobilise entre ses lèvres, juste sur son bouton fiévreux, qu’elle fait délicatement tourner et dont la souple dureté se dérobe sous l’astucieuse pression.
— C’est parti, murmure-t-elle avec une grimace infantile.
Ses beaux yeux s’éclairent et s’agrandissent. Sa bouche en cœur forme un O d’étonnement. Elle ne peut réprimer quelques soubresauts de hanches, décollant ses fesses moites de la chaise longue. Charlotte jouit terriblement, en connaisseuse. Elle contemple son doigt planté dans la culotte, son doigt tremblant qui établit ce contact magique et bouleversant. Elle jouit par à-coups, stimulant son bouton électrisé avec une voluptueuse parcimonie. Ses babines visqueuses ont englouti la misérable culotte qui, paradoxalement, ne cache plus que son clitoris. Au point culminant du plaisir, elle scande trois « han ! » incontrôlables d’une voix de cantatrice qui la surprend elle-même. Ses pieds crispés quittent le dallage. Elle plaque ses deux mains sur son entrejambe. Elle masse quelques secondes sa vulve bouillonnante, volumineuse, qui crache dans ses paumes sa liqueur amère et veloutée. Charli plane entre ses longs cils noirs, flou dans l’aveuglante luminosité. Un rayon de soleil reste fiché dans son bas-ventre et elle frissonne, trop agréablement pénétrée. Contente d’elle, elle tapote ses cuisses, ses nichons. Quel panard ! Ça endort et réveille à la fois.