LE COMMERCE DES CORPS

Fiche technique
Nombre de pages 216
Dimensions 133*214 mm
Langue Français
Date de parution 25/05/2021
Référence L00075

Extrait gratuit

Prologue

Pour la première fois de ma jeune existence, j’étais dans les bras d’un homme plus âgé que mon père. Simon n’était pas laid, mais la mollesse d’une chair que n’irriguaient plus les fluides de la jeunesse me surprenait désagréablement. Sans aller jusqu’à la répugnance, je manquais d’entrain pour rendre ses caresses à cet amant d’un soir et du fauteuil où elle s’étalait, Mila suivait d’un œil attentif le spectacle qu’elle avait mis en scène.

Dans le clair-obscur rougeoyant de sa chambre, elle ouvrait ses cuisses assez largement pour me laisser deviner les secrets de sa vulve. Sa main distraite flattait deux mandarines haut perchées, jolis seins habillés d’une peau d’ambre, surprenante chez une femme à la chevelure aussi pâle. Les lèvres de son sexe étaient lisses, mais sur le pubis une toison immatérielle ressemblait à un petit poisson baigné de lune.

Images et faux-semblants... les cheveux qui coiffaient Mila d’un casque de platine devaient-ils leur éclat fantastique à la chimie ?

Images et faux-semblants... ne surestimais-je pas mes forces ? On dit que l’illusion est une des armes du Diable.

En dégrafant mon soutien-gorge, Simon ne retint pas un cri, l’expression joyeuse du gosse qui reçoit un jouet convoité.

— Quels seins merveilleux ! Pardon, Louise, mais tout à l’heure, j’ai eu une vilaine pensée.

— Mmmm ?

— J’ai cru que votre poitrine devait l’essentiel de son galbe au silicone. Ce n’est pas le cas, reprit-il en se tournant vers Mila. Notre invitée est une authentique merveille de la nature.

Ses yeux attachés aux miens, la jeune femme murmura qu’elle n’en avait jamais douté.

Troublée, ramenée malgré moi à Mila, à son corps longiligne dessiné d’un trait, ses seins dont elle agaçait les bouts à coups d’ongles écarlates, je tentai de me concentrer sur Simon.

Quelques heures plus tôt, je n’avais pourtant pas pris de gants pour lui assener que je n’étais pas bisexuelle. Elle avait répondu d’un sourire. Plus tard, tandis que Simon faisait glisser ma robe et écrasait son visage contre ma culotte, elle s’était dénudée sans gêne ni provocation, installée avec grâce sur la soie fleurie du petit fauteuil.

Pour me reprendre, en finir, j’ai caressé le torse de Simon, effleuré ses tétons de la langue. Ma main cherchait à saisir la verge, en retrait sous le ventre bombé. Pas facile. Pour attraper le sexe qui se dressait par à-coups, les couilles, je me suis mise à plat, étonnée, dégoûtée un peu de les trouver sans un poil, flasques et roulant dans leur sac de peau distendue. La verge, raide, se dressait dans une maigre toison grise. J’adore le contact des hommes, la virilité triomphante. J’avais tablé (imprudemment) sur ce goût très vif pour mener à bien ma mission. Cependant, la vue, le contact d’un corps ébranlé par les assauts du temps suscitaient une gêne grandissante. Une fois encore, je me suis tournée vers l’instigatrice de cette réunion, puisant dans sa beauté offerte un encouragement, tenaillée entre l’envie de lui plaire et celle de fuir cette chambre où trois souffles courts troublaient le silence.

Simon, d’un geste doux, caressa ma tête, éloigna mes lèvres du gland sorti de sa gangue. Avec la même douceur, il me saisit aux aisselles, m’étendit sur la houle des draps pour ouvrir mes jambes. Rouge, soufflant, il s’accroupit entre mes cuisses pour pénétrer mon vagin de deux doigts, bien décidé à fouiller et à prendre. Ce geste brutal me surprit sans me déplaire. Un peu d’excitation, enfin !

— Ta chatte sent le bonbon. Je parie que tu adores te la faire bouffer.

Ces mots dans la bouche d’un homme si âgé provoquèrent une émotion chargée d’angoisse, de honte, d’un désir incertain. En avais-je envie ? Et si non, pouvais-je refuser ? Avec finesse, Mila intervint de la voix basse, troublante, qui était la sienne depuis notre arrivée dans sa chambre.

— Laissez-vous aller, Louise. Simon sait comment faire du bien à une femme.

Comme un signal, celui-ci pressa son visage contre ma vulve, dégagea les petites lèvres, le clitoris qu’il agaça d’une langue pointue. De son fauteuil, la jeune femme l’encourageait, le guidait et très vite, les caresses de la langue qui picorait le bec sensible ont fait bouger mes reins à la rencontre du plaisir.

— Doucement ma belle, soufflait Simon entre mes cuisses. Tu es bonne à lécher, je veux que ça dure.

Et glissant ses mains sous mes fesses, il me souleva avec une vigueur qui me prit de court. Sa langue trouva mon anus. Choquée, je me dégageai avec une ruade assortie d’un « Non ! » étouffé par les tentures. Les caresses anales, je n’aimais pas. Je les refusais à l’amoureux dont j’étais folle. Alors, avec un vieux mec !...

Sentant qu’il venait d’atteindre une zone interdite, Simon murmura des mots dont je ne saisis que la tonalité apaisante. Ses mains accrochées à mes fesses me soulevèrent, assez haut pour amener mes jambes sur ses épaules.

Après avoir contemplé mon intimité offerte, il revint me dévorer des lèvres et de la langue avec une ardeur, une violence, une vitesse, qui me donnèrent l’impression excitante et horrible d’être léchée par un chien.

Un ballon chaud enflait entre mes cuisses. Chaque fois que mon souffle, ou la bascule de mes reins trahissaient l’approche de la jouissance, le vieil égoïste se retirait pour différer mon orgasme, profiter plus longtemps d’une proie qui se défendait mal.

Est-ce que Mila sentit que j’étais à bout ? En tout cas, elle vint s’agenouiller contre le dos de son vieil amant en murmurant dans une langue gutturale, espèce de ronronnement qui enfla ma colère et mon trouble.

Partenaires de plaisir de longue date, ces deux-là profitaient de moi en duo. J’aurais voulu fermer les yeux, m’isoler dans la chambre noire de mon plaisir. J’en étais incapable, mon regard fixé sur le visage de Mila, ses épaules de bel animal coiffé de lumière. Sa présence était si intense que j’en venais à croire que sa langue, ses lèvres, s’étaient substituées aux lèvres et à la langue de Simon. Émotions si déroutantes que je ne souhaitais plus que jouir et disparaître.

— Arrêtez, je vous en prie, soufflai-je à l’instant où un trait aigu me libérait, la sensation d’arriver au sommet d’une côte pénible – soulagement plutôt que plaisir.

Dégrisée, honteuse de m’être livrée bassement, je me dégageai d’une torsion des reins et bondis vers la salle de bains où je récupérai mes vêtements. Après quoi je traversais l’appartement en aveugle, sourde aux appels de Mila, dévalant l’escalier comme si une bande de démons me poursuivait.

Dans le hall, je trouvai un recoin où passer mes habits, mes chaussures, mains tremblantes, les yeux sur la loge éteinte de la concierge, affolée à l’idée qu’elle s’éveille, tire le rideau et donne de la lumière.

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